Billets-semences

Cette page regroupe les billets-semences présentés en cours par JDR depuis septembre 2023


Du premier au septième billet

Il n'y a pas moyen de se passer du surnaturel

Il n'y a pas moyen de se passer du surnaturel. On peut vivre sans pain, sans vin, sans toit, sans argent, sans bonheur ; — on ne peut vivre sans le surnaturel.
Il existe, certes, bien des hommes raisonnables qu'on porte finalement en terre sans qu'ils aient jamais senti passer près d’eux le souffle des Mystères. Dans leur bref parcours de l'utérus à la tombe, les réalités apparentes leur auront suffi.
Mais les vrais hommes, les vrais vivants, ceux qui, comme dit le Psaume « n'ont pas reçu leur âme en vain », ressentent la pressante présence du surnaturel ; et ils en entendent l'appel, au fond d’eux- même, comme une cloche lointaine et insistante.
Il existe un concert de toutes les âmes depuis la création du monde

Il existe un concert de toutes les âmes depuis la création du monde.
Le grand principe d'action et de réaction règne au sein de cet ensemble.
Cela se passe tout à fait à notre insu, selon l'ordonnance merveilleusement inconnue de l'affinité des esprits.
De ce point de vue, les moindres de nos actes sont comparables à des graines que le vent emporte dans toutes les directions, à des distances quelquefois considérables, pour ensemencer on ne sait quel terrain.
Ainsi, tel « hasard heureux », qui vous sauva hier d'un péril grave, a pu être déterminé par tel acte d'amour accompli il y a cinq cents ans par un homme très obscur de qui l'âme correspondait mystérieusement à la vôtre et qui a reçu ainsi son salaire.
Ou l'inexplicable réussite du débarquement Allié en 1944 a pu être décidée par la prière très humble d'une petite fille qui ne naîtra pas avant deux siècles…
La révélation de cette vérité est le spectacle d'une minute qui nous attend lors de notre entrée dans l’Ashram….
L’ombre de la Croix est un mystère

L’ombre de la Croix est un mystère.
Cette ombre est une projection, et pour nous, une protection.
Une protection sous laquelle vivent tous les hommes.
L'ombre de la Croix est admirable.
Nous en sommes tous touchés, car cette ombre a protégé, et protégera tous les hommes jusqu'à la fin des siècles.
Cependant il y a une différence…
Être à l'ombre de la Croix est pour tous les hommes.
Vivre dans l'ombre de la Croix est pour les disciples.
Mais s'asseoir sous l'ombre de la Croix est pour les initiés et pour les grands contemplatifs qui ont leur cœur et leur esprit tournés vers Elle. Ceux qui sont à l'ombre de la Croix somnolent la plupart du temps.
Ceux qui vivent dans l'ombre de la Croix commencent à s'éveiller sous les injonctions de leur âme, qui leur dit : « Levez-vous, pourquoi dormez-vous ? »
Quant à ceux qui sont assis sous l'ombre de la Croix, soyons assurés de leur éveil complet.
Ils sont nos vigies, nos sentinelles ; ils veillent sans relâche.
Il existe un arbre généalogique des âmes

Il existe un arbre généalogique des âmes, que les Maîtres seuls sont admis à contempler.
La généalogie des âmes ! Qui peut comprendre cela ?
L’état civil, lui, ne dit absolument rien de nos identités réelles, et son registre ne peut mentionner que nos corps catalogués à l'avance pour le cimetière.
Car le nom sous lequel notre personnalité se désigne aux yeux des autres n'est qu'un nom d'emprunt.
Beaucoup d'hommes croient savoir qui ils sont, parce qu'ils connaissent ce nom et celui de leurs parents.
Mais ils ne savent pas le nom de leur âme ;
et, par conséquent, ils s'ignorent eux-mêmes d'une ignorance infinie. C'est le secret du temps, et, jusqu'à la mort, notre identité nous est inconnue et impénétrable.
Quand une conscience est assez profonde pour sentir cette ignorance, il lui reste heureusement la ressource de la méditation, et alors lui vient la vision crépusculaire de l'identité de tous les hommes.
Savez-vous, qu’assez souvent, lorsque nous méditons ensemble…

Savez-vous, qu’assez souvent, lorsque nous méditons ensemble, les Maîtres se saisissent de cette opportunité pour envoyer un peu de leur Amour vers le monde ?
Et cela, quelle que soit la nature, le contenu, et le thème de cette méditation collective ! Toute occasion leur est bonne, pour répandre leurs Lumières ; et c’en est une, qu’un groupe de disciples bien entraînés, méditant ensemble de façon synchrone…
Où vont-elles, alors, les énergies ainsi envoyées ?
Vers quels buts s’envolent-elles ? A quelle montagne ou à quel gouffre sont-elles destinées ?
Cela doit demeurer pour nous lettre close : nous ne sommes jamais que des passeurs.
Leurs insondables Expéditeurs n'ont nul souci de nous informer sur l'usage qu'ils entendent en faire.
La seule évidence, est que ces énergies arrosent tous les Règnes, et non pas seulement, comme nous le croyons dans notre anthropocentrisme naïf, le Règne humain.
Qui sait ? Les énergies qui nous ont traversés lors de notre dernière méditation avaient peut-être pour cible tel ruminant, qui broutait dans tel pré, et qu'on a retrouvé le lendemain mort dans un spasme de joie.
À moins qu'elles n'aient agi puissamment sur des escargots euphoriques dont elles ont fait éclater de contentement les coquilles.
On imagine mal à quel point nos morts continuent à nous aider

On imagine mal à quel point nos morts continuent à nous aider. Dans les moments difficiles, ils sont là pour nous consoler et nous réconforter.
S'il advient que je me sente triste et pesant, il suffit que l’un d’entre eux pense à moi pour qu'aussitôt l'espérance et l'agilité de l'esprit me soient rendues.
Grâce à ces chers invisibles, certains qui ne font que croire un peu se mettent à croire davantage, et quelques- uns qui ne croyaient pas du tout commencent à croire vraiment.
Oui, ce qu’on nomme “l’autre monde” est un monde d’action, parce que les vivants qui ont des corps ont besoin d'être secourus par les vivants qui n’en ont plus ; parce que ceux qui sont encore dans une cellule ont besoin d’être éclairés par ceux qui ont été “ élargis “.
Les bavards qui parlent inconsidérément du « repos éternel », en abusant de l'expression liturgique, ne comprennent pas que ce repos est l'activité véritable, celle des incorporels, délivrés d'une façon foudroyante de tous les mirages et de toutes les illusions.
La mort soudaine est un arrachement indicible

La mort soudaine est un arrachement indicible.
En un instant, en un clin d'œil, on est absolument privé de racines.
Il ne reste plus de l'homme vivant qu'une Clairvoyance énorme venue comme la foudre, et cette clairvoyance est toute son âme séparée enfin des ténèbres palpables de la matière.
Et puis survient une Vision,
savourée comme en un calice de cristal surnaturel où se réfléchiraient toutes les images : les pères, les mères, les épouses, les enfants, les proches ou les éloignés, les amis ou les ennemis, tout ce qui tint ou parut tenir une place quelconque, jusqu'à cet arbre à l'ombre duquel on s'asseyait, jusqu'à cette pierre du chemin qui nous fit trébucher un jour.

Du huitième au dix-neuvième billet

Dans les temps des temps

Dans les temps des temps, il se fit une semaille de soleils et de reptiles dont nous ne saurions nous faire une idée. Nos têtes éclateraient rien que d'en entendre parler.
Puis, quand le fourmillement fut à souhait, apparut l'Homme, qui est, à la fois, un globe de lumière et une bête qui rampe.
Celui-là devait être le Semeur par excellence.
À la fin, nous savons que c'est un Pauvre qui devra tout accomplir ; et je pense, qu'à cette minute, il fait déjà tourner le monde sur son doigt, dans quelque taudis.
Telle est toute l'anthropogenèse, résumée en quelques symboles pour ceux qui peuvent comprendre.
Des saints ont affirmé

Des saints ont affirmé que si, par la permission divine, une âme pouvait être vue telle qu'elle est, on mourrait à l'instant, comme si on était jeté dans la gueule d’un volcan.
Oui, l'âme de n'importe qui, l'âme d'un notaire ou l'âme d'un anthropophage, nous consumeraient.
Voilà une étrange et inconcevable Espèce : l’Espèce humaine. Une procession perpétuelle, un torrent d'astres plus incandescents que Sirius, Aldébaran, Altaïr, ou que cette effrayante étoile de la constellation d'Hercule vers laquelle notre Soleil se précipite avec une vitesse croissante…
De tels astres, absolument couverts de ténèbres, insoupçonnables, et qui ne se connaissent pas eux-mêmes : c'est de quoi se compose l'Humanité.
Des fournaises grandes comme des mondes, mais invisibles et ne se sachant pas des fournaises.
Il arrive un moment

Il arrive un moment où la méditation quotidienne devient une nécessité pour l'âme, comme c'en est une de manger pour nourrir le corps.
Elle nous apporte notre « Pain quotidien »

, le Pain de vie.
Il faut croire que cet Aliment surnaturel agit de lui-même, de façon mystérieuse, dans notre âme ;
et qu'un jour, après des décennies de pratique, on découvrira tout à coup qu'on est prodigieusement loin des commencements, et qu'on n’est plus du tout la même créature.
Il est enseigné que chaque homme

Il est enseigné que chaque homme est accompagné, de sa naissance à sa mort, par une Présence invisible qui veille attentivement sur son âme et sur son corps.
Cette Présence invisible se nomme la Sur-Âme, ou encore l'Âme Adombrante.
C'est la conviction universelle des occultistes.
Cette Compagne perpétuelle est à la fois une inspiratrice et une observatrice.
Les plus hautes pensées viennent par Elle, et ce qu'on nomme les reproches de la conscience, c'est Elle qui les fait entendre.
Elle sait ce que nous ne savons pas ; Elle voit ce que nous ne voyons pas ; Elle est toujours présente en nous et autour de nous, indiciblement respectueuse de notre liberté, connaissant la réelle grandeur de notre âme,- qui est l'un de ses fragments, et l’inconcevable dignité de notre corps,- qui est l'un de ses reflets.
Lorsqu'un homme s’avance dans la voie du mal, la Sur-Âme se retire silencieusement dans les lieux profonds de l’Ashram, et Elle coupe toute communication avec l’égaré.
Mais lorsque nous nous engageons sur le sentier de l’Amour, Elle peut devenir l'une des formidables Visiteuses de nos méditations, et c'est ce qui donne la plus confondante idée du génie humain.
Il y a des âmes que nous ne connaissons pas

Il y a des âmes que nous ne connaissons pas, que nous ne rencontrerons jamais dans cette vie, et qui pourtant nous sont plus proches que la plupart de nos proches, beaucoup plus proches en vérité.
Parce qu'il y a dans leur passé, et surtout dans leur mystérieux avenir

, quelque chose qui correspond à notre destinée.
C'est ainsi qu'il faut concevoir toute l'histoire humaine, laquelle est un monstre étonnant pour la pensée, un incommensurable tourbillon d'âmes se précipitant les unes sur les autres dans un désordre apparent, mais divinement calculé.
Les grands dictateurs de notre temps

Les grands dictateurs de notre temps sont arrivés exactement où ils le voulaient ; ce sont les plus « parvenus » des hommes.
Cependant, nous savons le mal qu’ils cachent en eux avec tant de soin. Ils ressemblent à des fruits rongés de l'intérieur.
La Justice qu'on ne voit pas, Celle qui n'a pas d'huissiers, ni de gendarmes, a voulu que leur réussite, jugée souvent très insolente, fût payée très chère.
Ils endurent, chaque jour, même dans leurs palais, le tourment suprême ignoré de Dante, qui n'avait pas, en son 14e siècle, de monstres du même genre à placer dans son Enfer.
Ils ne peuvent jamais entrer en contact avec leur âme.

Nous avons deux visages

Nous avons deux visages ; notre visage humain, que nous contemplons chaque jour dans le miroir ; et notre visage surnaturel, la mystérieuse face de notre Moi profond, inconnue de tous et de nous-même.
Cette face n'a rien d'abstrait : elle a ses traits et sa physionomie ; un modelé qui lui est propre ; une figure qui n’est qu’à elle ; des expressions singulières ; un regard vivant et mobile.
Si vous voulez savoir à quoi elle ressemble véritablement, ne le demandez à personne, sinon à votre âme, qui vous répondra peut-être que vous êtes un fort agréable garçon, ou une gentille petite fille, mais qu'elle ne veut pas vous confier un secret de cette importance.
Nous avons un refuge contre le découragement

Nous avons un refuge contre le découragement, contre le doute, contre les mirages ; et ce refuge, il nous faut l'aménager pour qu'il nous reste toujours ouvert et hospitalier : c'est notre engagement dans le Service.
Voilà notre force. Si nous valons quelque chose, c'est par là.
Le Service, c'est la richesse du pauvre.
« Qu'as-tu fait de cette vie ? », nous sera-t-il demandé par notre âme aux approches de la mort.
Et nous pourrons répondre : « J'ai cru dans le Service ; je me suis accroché à lui, et je ne l'ai jamais lâché. Je ne me suis pas regardé, moi, mais je l'ai regardé, lui. J'ai maintenu mon engagement envers lui. J'ai même essayé d'en propager la flamme. J'ai tâché d'en stimuler le goût, exactement le goût, dans l'âme des autres. »
Le Service, c'est une grâce. Remercions notre âme de l'avoir mis dans nos cœurs.
Il ne nous revient que de l'entretenir, et c'est à quoi il faut que nous ne faillissions jamais.
Quand on nous présente un poème

Quand on nous présente un poème, un vrai poème, un grand poème, notre premier mouvement est de nous précipiter dans la direction de nos puits intérieurs, les puits de nos âmes.
Il y a celui de la Surprise, qui est sans margelle ;
il y a celui de la Gratitude, que l'on rencontre infailliblement aussitôt que l'on a eu le bonheur de croiser le premier.
Et il y a enfin celui de la Lucidité, insondable gouffre de lumière, que l'on ne peut jamais explorer de l'œil qu'à travers les très vieux mirages de l'humanité qui en masquent l'accès.
Savez-vous seulement ce qu'est la Grande Invocation ?

Savez-vous seulement ce qu'est la Grande Invocation ?
Les instructeurs qui vous guident ne sont capables de donner vie à ce qu’ils enseignent, qu’en s’appuyant constamment sur Elle.
C'est Elle qui leur donne le Rythme, le Nombre, et l'Inspiration.
En vérité, un instructeur n'écrit et ne parle que pour en paraphraser les Syllabe ; tout son enseignement n'est qu'un commentaire caché de ses Stances.
Si l'on pouvait échanger toutes les philosophies du monde et toutes les religions contre une seule Grande Invocation

, prononcée de toute son âme par un mendiant au bord d'un fossé, le monde s'en trouverait immédiatement transfiguré.
Un être humain qui s'incarne

Un être humain qui s'incarne, ça n'a l'air de rien quand on le voit arriver tout bébé , mais c'est d'abord un risque tout, un casse-cou, un cascadeur, un amateur de sensations fortes.
Il faut de l'audace pour naître

; pour venir dans ce monde redoutable. Et puis, il faudra encore plus d’audace pour en sortir, pour oser mourir !


Nous sommes tous un peu des têtes brûlées ;
en tout cas, c'est ainsi que nous sommes perçus dans l’Invisible.
Vive le bon sens !

Vive le bon sens ! Les Maîtres, autant qu'il nous est permis de les connaître, y voient le plus bel attribut.
Les spéculations cosmiques, toutes jubilantes de certitude, des mystiques illuminés ou des vieux concombres de l'occultisme ne font probablement que leur arracher des sourires.
Croit-on leur rendre hommage, avec ces montagnes d'obscurités accumulées, qu’on se flatte ensuite de gravir ?
Ne serait-il pas vraiment plus simple et plus sain de dire : « Le monde est trop grand pour moi. Je ne sais rien, sinon que j'espère y servir, à la place où je suis. » Et puis, faire sa tâche quotidienne, humblement, en ayant confiance.
C'est là, la vraie attitude. Tout le reste est orgueil et délire de l'esprit.

Du vingtième au vingt-huitième billet

C'est la plus banale des illusions

C'est la plus banale des illusions de croire qu'on est réellement ce qu’on paraît être, et cette illusion universelle est corroborée, tout le long de la vie terrestre, par l’imposture tenace de tous nos sens.
Il ne faudra pas moins que la mort pour nous apprendre que nous nous sommes toujours trompés.
En même temps que nous sera révélée notre identité si parfaitement inconnue de nous-mêmes, d'inconcevables réalités se dévoileront à nos vrais yeux, réalités en nous et hors de nous.
Nous croyons à des réalités matérielles, concrètes, palpables,
tangibles comme le fer, indiscutables comme l'eau d'un fleuve,
et pourtant une voix intérieure, venue des profondeurs, nous certifie qu'il n'y a là que des symboles,
que notre corps lui-même n'est qu'une apparence et que tout ce qui nous environne est une apparence énigmatique.
Pourquoi, à de certaines heures

Pourquoi, à de certaines heures,
sommes-nous assaillis d'une tristesse inexplicable,
toute semblable à celle que déterminerait en nous un événement qui nous affligerait ?
Ne serait-ce pas qu'un être humain, parfaitement inconnu de nous,
et cependant mystérieusement lié à notre âme par les liens spirituels les plus étroits,
vient de subir cette affliction,
qui devient nôtre par la solidarité des peines ?
Le Sinaï n'est jamais loin de nous

Le Sinaï n'est jamais loin de nous.
La Voix, qui s'est élevée parmi des éclairs,
ne s'adressait pas seulement à la petite troupe qui était présente au bas de la montagne ;
Elle portait loin.
Les Dix commandements retentissent de siècle en siècle, et se promènent à travers le monde.
Le temps et l'espace les répandent sans cesse depuis la Source qui nous les a donnés.
Si nous voyons la Voie Lactée…

Si nous voyons la Voie Lactée, c'est qu'elle existe véritablement dans notre âme.
Après cela, que Messieurs les astronomes disent tout ce qu'ils voudront, cela fait passer le temps de la vie, et c'est une occupation comme une autre.
Mais il est plus que probable,
qu'une puissante Méditation, menée avec force par des hommes très avancés, a plus d'efficacité pour percer les mystères du ciel, que les télescopes spatiaux les plus performants.
Pour avoir les yeux tournés vers le Christ

Pour avoir les yeux tournés vers le Christ,
et connaître notre route,
il nous faut regarder vers la haute tour prodigieuse qui ne ressemble à aucune autre,
et qui, à son faîte, porte une Flamme.
Elle se dresse au-dessus du monde.
On serait si fort,
et on verrait si loin,
si l'on se hissait sur ce piton lumineux !
Nous sommes suspendus à notre âme

Nous sommes suspendus à notre âme,
les yeux fermés,
sans même savoir qu'un peu au-dessus de nous,
tout près,
Sa Face nous regarde.
Et c'est un éblouissement de la découvrir !
Un grand artiste

Un grand artiste est quelqu'un qui commence presque toujours par nous irriter avant de nous réjouir.
Il est semblable à un homme qui nous obligerait à nous lever tôt pour aller voir avec lui un lever de soleil.
Portées par le souffle de l'Esprit

Portées par le souffle de l'Esprit,
nos prières produisent parfois de mystérieuses germinations,
comme ces graines volantes qui tombent où elles doivent tomber,
fort exactement.
La plus belle musique

La plus belle musique ne paraît belle que parce qu’elle est l’occasion de pressentir la vraie musique,
l’harmonie divine qui est au fond du Parfait Silence.

Du vingt-neuvième au trente-huitième billet

Ce que nous attendons de la musique sacrée

Ce que nous attendons de la musique sacrée,
lorsqu'elle évoque les Mystères de la religion,
et particulièrement celui de la Résurrection,
c’est qu’au lieu d'un déchaînement de trompettes et de percussions,
elle nous propose des gouffres de silence,
du fond desquels se feraient entendre
des voix presque imperceptibles,
et infiniment humbles.
Il y a des êtres d'une spiritualité éminente

Il y a des êtres d'une spiritualité éminente,
qui habitent en permanence dans leur âme, sans savoir d'où elle reçoit la lumière.
C’est un peu comme s’ils vivaient dans une de ces magnifiques cavernes où l'on ne reçoit d'autre lumière apparente que celle des étranges reflets des stalactites qui semblent la produire.
On s'habitue d'ailleurs à voir dans les ténèbres, et l'œil surnaturel se fait à cela, comme l'œil corporel se fait à la pénombre.
La beauté boite

La beauté boite, car elle suppose une certaine faiblesse sacrée.
Thomas d’Aquin nous apprend que tout contemplatif boite,
car il a un pied au ciel et l'autre sur la terre, et il reste faible du côté qui s'appuie sur cette surface-là.
Jacob, après sa lutte contre l'Ange, boitait.
Œdipe boitait, Byron boitait.
Tout créateur est boiteux.
La Pauvreté regroupe les hommes…

La Pauvreté regroupe les hommes ; la Misère les isole ;
parce que la Pauvreté est du Christ ; la Misère, de l'Antéchrist.
La Pauvreté est la privation du superflu,
c'est une voie de détachement et de délivrance ;
la Misère est la privation du nécessaire, c’est une voie de servitude.
La Pauvreté mène à la Crucifixion ;
la Misère, c’ est la croix fabriquée de main d’homme, — la croix patibulaire, qui n'est jamais rien d'autre, en elle-même, qu'un sinistre gibet.
Le Christ réussissant à porter sa croix, c'est la Pauvreté triomphant de la Misère, c'est le Christ vainqueur de l'Antéchrist.
Le Christ en croix, c'est la Pauvreté saignant sur la Misère, c'est le Christ éclaboussant de sang la face de l'Antéchrist.
Le Christ et le Bouddha sont au centre de tout

Le Christ et le Bouddha sont au centre de tout, ils assument tout, ils portent tout, ils souffrent tout.
Il est impossible de frapper un être sans les frapper ;
d'humilier quelqu'un sans les humilier ;
d'insulter ou de maudire qui que ce soit,
sans les insulter ou les maudire Eux-mêmes.
Les événements qui nous transforment véritablement

Les événements qui nous transforment véritablement, notre âme n'en n’ignore jamais l'origine.
Elle sait d'où ils viennent, et qu'ils nous arrivent depuis des sources situées dans l’avenir.
Elle sait qu’ils nous affectent, sans être là encore.
Ce n'est pas l'autrefois, ni l’aujourd'hui, qui nous transfigure,
mais le futur.
Nous passons la plus grande partie de notre vie à l'ombre d'événements qui n'ont pas encore eu lieu.
Nous ne savons jamais

Nous ne savons jamais qui le Maître appellera à Lui,
et vers quel front Il enverra sa lumière.

Nos mérites, pas plus que nos efforts,
ni ce que saint Paul appelle « nos œuvres »,
ne semblent jouer un rôle quelconque dans Sa décision.

Songeons à la Pentecôte,
à ce Jour entre les jours,
où l'Esprit décida de s'engouffrer
dans ces quelques hommes faibles et ignorants,
qui avaient eu si peur quand Jésus avait été arrêté, et qui avaient été si lâches quand on leur avait demandé s'ils le connaissaient.
Nous savons que c'est la Méditation continue de notre Logos…

Nous savons que c'est la Méditation continue de notre Logos, depuis quatre milliards d'années, qui maintient Sa création en vie.
Il est le Rêveur suprême ; le suprême Auteur des mondes.
Il est donc clair que s’Il venait, tout à coup, à oublier, dans cette Méditation, les simples pierres,
aussitôt le granit et le silex, désagrégés, tomberaient en poussière.
Alors que serait-ce s’Il oubliait les hommes ?....
Sachons que lorsque nous prions

Sachons que lorsque nous prions, nous prions comme des novices.
Les seuls experts sont les moines,
ces vétérans qui passent leur vie en oraison.
Entre eux et nous, il y a la même distance qu’entre un homme frappant au hasard les touches d'un piano, et un virtuose des grandes salles de concert.
À quoi aboutissent donc les prières de ces moines ?
En tout premier lieu, à la Joie.
Ces hommes de prière trouvent, jusqu'à leur dernière heure, non pas de l'apaisement — ils se méfient des consolations sensibles —, mais une dure, forte et plénière Joie.
Ensuite, à l'Amour.
Il faut avoir vu de ces vieux moines, si réfléchis, si sages,
aux jugements inflexibles, et pourtant tout rayonnants de compassion, et d'une humanité si large.
La prière, loin de les replier sur eux-mêmes, de les isoler de leurs semblables, les a rendus solidaires de tous.
Chaque jour, ils sont entrés plus avant dans la compréhension des misères du monde ; et c'est sans doute la raison pour laquelle leurs prières nous protègent : le nombre est immense, des homos sapiens, vivants ou morts, qui dépendent d'elles pour être secourus et sauvés.
Toute lecture de poésie

Toute lecture de poésie qui n'est pas épreuve, expérience, exorcisme, est privée de vertu.
Toujours, en quelque manière, la poésie appartient à l'ordre du sacré.
Tout poète prie.

Du trente-neuvième au cinquantième billet

En ce qui concerne le karma d’une vie

En ce qui concerne le karma d'une vie, il est une vérité qui se révèle à nous lorsque nous approchons du gouffre de lumière.
Cette vérité, à chaque fois nous surprend, car tout conspire à nous la faire oublier.
Elle marche tellement contre les opinions du monde !
Les religions et les sociétés s'efforcent à tout prix de l’enfouir : elle est trop ennemie de notre confort moral.

La voici : les mauvaises actions dont nous nous rendons coupables pèsent bien moins, dans notre bilan karmique, que les bonnes actions que nous avons négligé d'accomplir.

C'est le « karma d’omission ». Il contient tous les actes que nous étions en mesure de produire, tout ce que nos âmes et peut être nos Maîtres attendaient de nous, et que, par inertie, par distraction, ou par lâcheté, nous avons manqué de réaliser.

D'un point de vue strictement spirituel, le karma d'omission est, de tous les karmas, le plus redoutable ; il constitue la plus dangereuse atteinte à l'âme.

C'est une pensée accablante, à la fin d'une vie, que de se rappeler avec précision certaines circonstances où l’on aurait pu si facilement accomplir certains gestes que notre âme demandait, et qu'on a négligé ou refusé d'accomplir.
L'amour est la seule valeur qui ait cours ici-bas et dans l'au-delà

L'amour est la seule valeur qui ait cours ici-bas et dans l'au-delà.
Toutes ces comètes qui traversent notre histoire à grands fracas de génie et de gloire, que sont-elles, vues du ciel des Ashrams ? — des grains de sable.

Aux âmes vivant dans l’Ashram, importe peu l'admiration dont leur projection éphémère a pu être l’objet, lors de leur passage sur la terre.

Que font, à l'âme d’un Victor Hugo ou d'un Napoléon, ces milliers de livres écrits sur les performances de leur personnalité défunte ?

Elle n'est que poussière pour eux, la renommée du personnage légendaire, mais désormais éteint, qu'ils ont endossé le temps d'un rôle sur la scène du monde.

Leur seule richesse, comme à chacun d'entre nous, est faite de l'affection que leur auront portée, lorsqu'ils étaient sur cette terre, les quelques êtres qui les ont approchés de près, touchés, embrassés, respirés, sentis, étreints, - bref de l'amour de ceux qui les ont aimés ; car, même immérité, cet amour les aura suivis, “ au-delà de la tombe “.

Et, à cet égard, ils ne sont sans doute pas plus riches que ne l'est le plus humble de leurs admirateurs.
Il y a une forme illusoire d'humilité…

Il y a une forme illusoire d'humilité qui nous fait oublier que nous avons l'âme d'un saint, que nous sommes tous sanctifiés par notre âme.

Nous n’osons pas le croire.

Et pourtant, nous aurions le droit, et même le devoir, de nous dire :
« J'ai l'âme d'un saint.
« Mon boulanger, mon boucher, mon épicier, qui sont peut-être absolument athées, ont tous des âmes de saints, étant tous appelés, aussi bien que vous et moi, aussi bien que saint François ou saint Paul, à la Vie surnaturelle.»

Il n'y a pas d'homme qui ne soit un saint, virtuellement ; et le karma ou les karmas, même les plus noirs, ne sont que des accidents qui ne changent rien à la substance.

Voilà le vrai point de vue.

Quand j'entre dans un café, je regarde autour de moi les pratiquants de ce lieu, j'observe leurs visages, j'entends leurs paroles, et je me dis que je suis là, parmi des âmes immortelles qui s'ignorent, des âmes faites pour l'adoration du Beau et du Bien, aussi précieuses que celles des plus grands Initiés ;
et quelquefois je frissonne en songeant que toutes ces âmes, quelle que soit leur présente cécité et quels que soient les gestes apparents de leur corps, iront quand même, invinciblement, vers la Lumière et vers la Vérité, qui sont leurs fins nécessaires.
Il n'y a pas un être humain

Il n'y a pas un être humain capable de dire ce qu'il est avec certitude.
Nul ne sait ce qu'il est venu faire précisément dans cette vie ;
qui sont ses plus proches parmi tous les hommes ;
ni quel est son Nom véritable, son impérissable NOM dans le registre de la Lumière.
Saint ou assassin, nul ne sait sa couronne ni son fardeau.
En réalité, toute âme est une figure de l'invisible,
toute âme est symbolique ;
et c'est dans la mesure de son symbole qu'elle est une âme vivante.
Il est vrai que cette mesure est inconnue, aussi inconnue et inconnaissable que le tissu des combinaisons innombrables de la Solidarité universelle.
Celui qui saurait exactement, par un prodige d'infusion, ce que pèse une âme donnée, celui-là aurait sous les yeux, étendu comme sur une mappemonde, tout le Plan divin.
Il découvrirait les liens invisibles qui tissent, dans l'espace et dans la durée, d'insoupçonnables relations de causalité ; et que la bataille de la Marne, par exemple, a peut-être été gagnée par un vagabond qui aura su contempler la Voie Lactée avec suffisamment d'amour,
mille ans avant ou après cette bataille.
Il importe à toute la vie

Il importe à toute la vie de savoir si l’âme est mortelle ou immortelle.
Une seule question importe :
les yeux fermés, serons-nous encore quelqu'un, serons-nous encore quelque part ?
« J’échangerais volontiers tous les secrets de l'univers contre la réponse à cette question», disait Paul Valéry.
Lequel d'entre nous, lorsqu'il lui arrive d'assister aux obsèques d'un parent ou d'un ami, n'a pas été traversé par cette idée : « Un jour, ce sera mon corps qui se trouvera allongé dans cette boîte ».
Nous sommes voués à la mort, nous devons à Dieu une mort.
Mais, depuis des siècles, des êtres de haute spiritualité nous ont enseigné qu’au-delà de cette mort, nous continuerons de vivre.
Notre foi repose tout entière et essentiellement en ceci :
un certain Jésus, un certain Jean, et un certain Paul, nous ont dit qu'à l'instant de la mort la vie était changée, mais non détruite, — et nous les avons pris au sérieux ! Nous les avons pris au mot !
L'intelligence la plus haute est dans l'incapacité absolue de comprendre l'éternité.

L'intelligence la plus haute est dans l’incapacité absolue de comprendre l'éternité.
Où est le monstre de génie qui entreprendra un jour une explication quelconque de ce mot ?
Ce qui n'a ni commencement ni fin !... On sait par la foi, et même par la raison, que cela existe.
On va jusqu'à savoir que cela seul existe réellement. Mais voilà tout.
Au-delà, c'est le mur d’airain où se brise toute force intellectuelle.
C'est le jardin du divin.
Les tout petits et les très humbles peuvent quelquefois en apercevoir d'infiniment loin les hautes futaies.
Ceux-là ne comprennent pas plus que les autres.
Seulement, ils le pressentent comme un parfum révélateur, comme un atome de la poussière de fleurs inconnues.
Rêvons au premier ami de Jésus.

Rêvons au premier ami de Jésus,
celui dont il a fait la connaissance dans sa première enfance.
Ils ont joué ensemble.
Ils ont joué, comme ceux de leur âge.
Comment était ce petit garçon ?
Un petit juif, dont nous n'avons rien pour deviner son aspect physique ni même sa valeur morale.
Mais la fréquentation intime de Jésus a dû achever de modeler son âme.
Quelque chose nous dit que cet enfant privilégié,
qu'on ne voit pas figurer dans l'entourage de Jésus,
et dont l'Évangile ne nous parle pas,
est mort tout jeune ;
qu'il est allé porter au ciel et mettre à l'abri,
pour qu'elle fleurisse là-haut, dans l'éternité,
la première, toute première fleur miraculeuse
qu’a été l'amitié pour lui de l'Enfant Jésus.
Les occultistes savent ou devraient savoir…

Les occultistes savent ou devraient savoir que la méditation est la plus certaine de toutes les forces, mais les effets en sont le plus souvent inconnus.
Quand nous méditons, nous mettons dans la main des Maîtres une épée nue, magnifique et redoutable, dont Ils font ce qu'ils veulent, et nous ne savons rien de plus.
La méditation est sans doute, pour un homme, ce qu'il y a de plus mystérieux quant à ses prolongements.
Nous sommes devant elle comme des enfants au bord de la mer ou comme des mendiants qui regarderaient la Voie Lactée : en haut et en bas sont des trésors.
Quand j'ouvre mon poste de télévision, je vois la guerre.

Quand j'ouvre mon poste de télévision, je vois la guerre.
Son écran m’en apporte les images de très loin.
Mais à chaque fois, c'est la mort d'un grand nombre d'humains qui m'est annoncée.
C'est un tourbillon d'âmes qui passe à côté de moi, chacune allant en son lieu.
Car il est connu que les âmes des morts savent aussitôt où elles doivent aller, et qu'elles s'y précipitent comme la foudre ; dans des gouffres de ténèbres ou des gouffres de lumière.
Songeons aux grands criminels d'aujourd'hui.

Songeons aux grands criminels d'aujourd'hui,
à qui a été donné le pouvoir de faire souffrir des millions d'hommes ;
aux autocrates qui martyrisent leur peuple et ceux des autres.
Quel châtiment leur conviendrait ?
Réponse impossible… La Némésis seule le sait.
Mais leur salaire de fin de journée est déjà tout préparé, tout compté, tout sonnant et trébuchant,
et c'est à faire trembler les lions, de regarder de ce côté-là.
Les Maîtres sont de fins stratèges.

Les Maîtres sont de fins stratèges, qui tissent autour de nous les fils de leurs intrigues.
Pour investir la forteresse que tout homme oppose aux infiltrations de leur Amour, ils nous utilisent tous les uns les autres à notre insu.
Et chacun peut ainsi devenir pour l'autre une révélation.
Chacun, sans le savoir, peut devenir pour l'autre un messager de leur volonté ; un vitrail que leur lumière pénètre et qui, ne se voyant pas
lui-même, ignore sa propre signification, ainsi que la couleur de l'image qu'il projette.
Déjà saint Paul le disait aux Corinthiens.

Déjà saint Paul le disait aux Corinthiens :
Nous voyons tout à l'envers, dans un miroir.
Celui qui croit donner, en vérité, reçoit ;
Celui qui croit recevoir, en vérité, donne.
Voici un voleur et un volé. N'est-ce pas ce dernier qu'il faudrait arrêter ?