Cours du 8 janvier 2018

7 février 2018

Thème du cours : Le renouvellement de la prestation de serment

Extrait : l’inconscient, ce soutien venu de l’intérieur

Je pense au Saint Mathieu de Rembrandt, à cette présence éthérée qui se penche sur l’épaule de l’apôtre pour lui souffler quelque chose. Je pense à certains vers de Supervielle pour qui le surnaturel était à portée de main et dans Saisir, il dit : « un visage à mon oreille, un visage de miroir vient s’appuyer dans le noir ».

Ces trois vers font écho à cette fresque de Rembrandt qui représente l’apôtre guidé par son inconscient.

Nous avons besoin, nous les instructeurs, de ce soutien venu de l’intérieur, venu du plus secret de notre être parce que nos personnalités ne sont pas du tout clairvoyantes. Nous ne connaissons qu’en partie la vérité. Elle ne se montre à nous que de façon fugace. Nous voyons, dit saint Paul, à travers un miroir, de loin. Nos personnalités sont malvoyantes.

Il faut reconnaître que la vraie clairvoyance, qui est rarissime, est un don redoutable qui se paye souvent du prix de la cécité physique parce qu’on ne peut voir l’invisible, comme disait Claudel, que les yeux fermés et, pourquoi pas, que les yeux crevés. Et parce qu’une certaine quantité de lumière dans la tête finit par brûler les yeux. Le vrai clairvoyant c’est un aveugle plein de lumière. C’est une phrase de Guilardo Ricardes, poète argentin. Borgès, par exemple, était devenu à la fin de sa vie un aveugle plein de lumière, le poète Homère était un aveugle plein de lumière. Le peintre Auguste Ravier, précurseur des impressionnistes, très grand peintre paysagiste, spécialiste de la brume et du feu, complètement aveugle à la fin de sa vie, disait que, dans sa nuit, il voyait des harmonies de tons auprès desquelles tout ce qu’il avait peint lorsqu’il voyait n’était rien. Il était devenu un véritable clairvoyant.